Harriet Tubman (née Araminta Ross vers 1822 – 10 Mars , 1913) fut une activiste abolitionniste africaine-américaine, engagée dans l’action humanitaire et collaboratrice de l'Union pendant la Guerre civile américaine.
Née Araminta Ross en esclavage (vers 1822 – 10 Mars, 1913), Harriet Tubman s'est échappée et a par la suite accompli de nombreuses missions pour sauver quelque trois cents personnes asservies, avec l'aide du réseau des activistes anti-esclavagistes et des maisons sûres connu sous le nom de "the Underground" - le Chemin de fer. Plus tard elle aida l'abolitionniste John Brown à recruter des hommes pour son raid sur l’arsenal fédéral qu'abritait alors le village de Ferry Harpers et pendant l'après-guerre elle participa activement à la lutte pour le suffrage des femmes.
Araminta Ross est née esclave dans le Comté de Dorchester, état du Maryland, dans une famille de 9 enfants que les parents Harriet « Rit » Green et Ben Ross firent tout ce qu’ils purent pour garder unis . Comme pour nombre d’esclaves nés aux Etats Unis on ne connait ni la date ni le lieu précis de sa naissance. Sa mère, dont le père a pu être blanc, était cuisinière pour la famille Brodess et son père était un forestier qualifié qui gérait la charpente sur la plantation de Thompson. Dès l’âge de 5 ou 6 ans, Araminta fut embauchée comme garde d’enfants et souvent battue et fouettée par ses maîtres divers. Elle en a gardé les cicatrices à jamais. Jeune adolescente, elle a été gravement blessée à la tête par un lourd poids métallique qu’un propriétaire furieux destinait à un autre esclave qui s’est esquivé. La blessure lui a causé des vertiges, des maux de tête et des périodes d'hypersomnie qui ont duré toute sa vie. Chrétienne fervente, elle faisait des rêves et avait des visions étranges qu'elle attribuait aux avertissements divins.
Vers 1844, Araminta a épousé John Tubman, un Noir libre, on ne sait pas grand chose de leur union mais l’état d’esclavage d’Araminta posait problème.
C’est à cette époque qu’elle a changé son prénom pour celui de sa mère : Harriet.
En 1849, après une première tentative manquée de fuite avec ses frères, Harriet Tubman s’est à nouveau échappée, seule cette fois après avoir fait prévenir sa mère.
On ne connait pas son parcours exact mais on sait que Harriet s'est servi du réseau connu comme le Chemin de fer Souterrain. Cette organisation informelle, mais bien rodée, était composée de Noirs libres et asservis, d’abolitionnistes blancs et autres activistes. Les plus en vue parmi ces derniers dans le Maryland étaient à l'époque les membres de la Société Religieuse des Amis, souvent appelés Quakers. L’important communauté de Quakers de la zone de Preston proche de Poplar Neck dans le comté de Caroline a probablement été la première étape importante au cours de l'évasion de Harriet.
De là, elle a probablement pris le chemin habituel des esclaves en fuite : le nord-est le long de la Rivière Choptank, par le Delaware et ensuite au nord vers la Pennsylvanie. Un voyage à pied de presque 90 miles (145 kilomètres) qui aurait pris entre cinq jours et trois semaines.
Harriet a dû voyager de nuit, guidée par l'Étoile polaire et essayant d'éviter les chasseurs d'esclave attirés par la récompense pour les fugitifs.
"Les conducteurs" du Chemin de fer Souterrain utilisaient des ruses pour protéger les fugitifs. A un premier arrêt, la propriétaire de la maison a demandé à Harriet de balayer la cour pour la faire passer pour une employée ; quand la nuit est tombée la famille l'a cachée dans un chariot et l'a menée à la maison amicale suivante. Étant donné sa familiarité avec les bois et les marais de la région, Harriet s'y est probablement caché dans la journée.
Harriet Tubman seulement a décrit ses parcours seulement plus tard pour protéger les esclaves fugitifs qui les utilisaient. Les détails de son premier voyage restent secret.
Arrivée à Philadelphie, Harriet Tubman a pensé à sauver sa famille restée au Maryland. La loi renforcée votée par le Congrès en 1850 qui punissait les esclaves fugitifs dans tous les états les mettait tous en danger. L’Ontario du Sud au Canada, qui dépendait de l’Empire Britannique où l’esclavage était aboli devint un nouveau refuge sûr.
Les premiers que Harriet a pu faire échapper furent sa nièce Kessiah et ses enfants.
Avec l’aide des gens du réseau et notamment l’abolitionniste Frederick Douglass avec qui elle collabora énormément elle aida de plus en plus de groupes d’esclaves à rejoindre Philadelphie et puis le Canada et à y trouver du travail.
Surnommée « Moïse », pendant 11 ans Harriet Tubman fit environ 13 expéditions sur la côte est du Maryland pour faire échapper quelques 70 esclaves dont ses 3 frères et leurs familles, donnant également ses instructions à 50 ou 60 autres pour fuir vers la liberté. Portée par sa foi religieuse et bien que recherchée par les propriétaires blancs rendus furieux, elle prenait de grands risques mais agissait avec beaucoup de ruses et de précautions, voyageant surtout pendant les longues nuits d’hiver. Elle ne perdit aucun de ses fugitifs et ne fut jamais capturée. Enfin elle put également faire sortir ses parents et leur faire rejoindre les autres membres de la famille et leurs amis en Ontario.
En avril 1858 elle rencontra l’abolitionniste John Brown qui la convainquit de l’aider à élaborer son plan d’attaque de Harpers Ferry en Virginie. Elle le soutint et lui donna tous les renseignements nécessaires concernant la région. Cependant l’attaque prévue en octobre 1858 manqua et Brown fut pendu.
Début 1859, grâce au sénateur abolitionniste républicain William H.Seward, Harriet Tubman put faire l’acquisition d’une propriété aux abords de Auburn, état de New York où elle put accueillir ses parents, sa famille et ses amis dans un climat plus doux que celui du Canada.
Peu après Harriet retourna dans le Maryland pour chercher sa nièce de 8 ans, Margaret supposée être sa fille.
La dernière mission de sauvetage de Harriet Tubman eut lieu en novembre 1860.
Quand la Guerre civile éclata en 1861, Harriet Tubman vit dans la victoire de l’Union la clef de l’abolition de l’esclavage. Elle soutint le général abolitionniste David Hunter et se joignit à un groupe d’abolitionnistes de Boston et Philadelphie qui se rendait en Caroline du Sud où elle assista et soigna des fugitifs dans les camps, notamment celui de Port Royal.
En 1863, sous les ordres du secrétaire de guerre Edwin M.Stanton, elle dirigea un groupe d’éclaireurs à travers le pays autour de Port Royal dont les marais et les rivières semblables à ceux du Maryland lui étaient familiers. Plus tard elle collabora avec le colonel James Montgomery et l’aida à prendre Jacksonville en Floride puis à détruire des plantations et délivrant plus de 750 esclaves le long de la rivière Combahee. Elle coopéra aussi avec le colonel Robert Gould Shaw pour prendre Fort Wagner et mena missions et soins aux soldats blessés pendant deux ans.
Quand les Confédérés se rendirent enfin en avril 1865 Harriet put enfin retourner chez elle à Auburn.
Harriet Tubman passa ses dernières années à Auburn, travaillant pour subvenir aux besoins de ses parents et payer les factures.En mars 1869 elle épousa un vétéran de la Guerre Civile, Nelson Davis, ils adoptèrent une petite fille Gertie en 1874.
Malgré ses années de service elle ne reçut ni salaire ni compensation du gouvernement avant 1899. Ses amis et admirateurs collectèrent des fonds pour l’aider.
Sarah Hopkins Bradford écrivit une biographie intitulée « Scènes de la vie de Harriet Tubman » qui fut publiée en 1869 et dont les droits furent reversés à Harriet.
Bradford édita un autre livre en 1886 titré « Harriet, la Moïse de son peuple ».
Harriet Tubman s’engagea aussi pour le suffrage des femmes, faisant des conférences à New York, Boston et Washington ce qui lui conféra encore davantage d’admiration dans la presse américaine. Elle participa au premier meeting de la Fédération Nationale des Femmes Afro-américaines en 1896.
En 1903 Harriet Tubman fit don à l’Eglise Africaine Méthodiste Episcopale de Zion d’une parcelle de terrain afin d’y construire une maison pour abriter les gens de couleur âgés et indigents qui ouvrit en juin 1908.
Les maux de tête datant de son accident de jeunesse persistèrent et même empirèrent tant qu’elle dû subir une opération du cerveau à la fin des années 1890.
En 1911 elle était si affaiblie qu’elle dû entrer dans la maison de repos nommée en son honneur.
Elle mourut d’une pneumonie en 1913 entourée de sa famille et de ses amis.
Harriet Tubman fut enterrée avec les honneurs semi-militaires au Cimetière de Fort Hill de Auburn et devint une icône dans les années qui suivirent, inspirant des générations d’Afro-américains luttant pour l’égalité et les droits civils.
Elle fut honorée de maintes façons aux Etats Unis tout au long du 20e siècle, un bateau fut baptisé à son nom, un timbre fut édité, des écoles furent appelées de son nom.
En 2013, le président Barack Obama signa une proclamation créant le Monument National du Chemin de Fer Souterrain de Harriet Tubman sur la côte est.
Depuis 2014 des parcs nationaux historiques portent son nom à Cayuga County, état de New York et au Maryland.
Harriet fut également honorée au Canada.
A lire : Colson Whitehead : "The Underground Railway"